Un jeune camionneur se perd dans la campagne russe. Il croise un vétéran malheureux,
une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus…
Plus il tente de retrouver le chemin vers la civilisation, plus il découvre
que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité.
Avec : Viktor Nemets, Vlad Ivanov
Fiche complèteMy Joy
Réalisateur : Sergeï Loznitsa
Sortie en salle : 17-11-2010
Avec :
Viktor Nemets, Vlad Ivanov
Voir tous les acteurs
Bande annonce
- 127
- Russie, Ukraine
- 2010
- Scope
- Dolby Digital
- Visa n°127.854
Synopsis
Un jeune camionneur se perd dans la campagne russe. Il croise un vétéran malheureux,
une prostituée mineure, une étrange bohémienne, des policiers corrompus…
Plus il tente de retrouver le chemin vers la civilisation, plus il découvre
que la force et l’instinct de survie ont remplacé toute forme d’humanité.
A propos
Critiques presse
En découvrant cette oeuvre forte, on a peine à imaginer que Sergueï Loznitsa, son auteur, fait ici ses débuts dans la fiction (...). La trajectoire du film est menée avec une assurance virtuose, exigeant une attention de chaque seconde. : Le Monde
Un jeu virtuose avec le réel : Les Inrockuptibles
C'est un film intraitable. Ambitieux. Inventif. : Télérama
L'avènement d'un cinéaste : Les Cahiers du Cinema
C'est à la fois terrifiant et puissant, atroce et fascinant : TéléCiné Obs
Une expérience fascinante : Excessif
Crédits du film : (c) 2012 ma.ja.de fiction, SOTA Cinema Group, Lemming Film, ZDF/ARTE
-
Fiche artistique
Georgy Viktor Nemets
Commandant de Moscou Vlad Ivanov
La bohémienne Maria Varsami
Vieil Homme Vladimir Golovin
Jeune prostituée Olga Shuvalov
Jeune lieutenant Alexey Vertkov
Manchot Yuriy Sviridenko
Fiche techniqueRéalisateur Sergeï Loznitsa
Scénario et dialogues Sergeï Loznitsa
Image Oleg Mutu
Décors Kirill Shuvalov
Costumes Mare Raidma
Montage Danielius Kokanauskis
Produit par Heino Deckert
Une production MA.JA.DE. Fiction
-
-
Sergeï
LoznitsaIl y a de nombreuses ramifications dans 'My Joy', et toutes les histoires que vous racontez ont l'air vraies. Le sont-elles vraiment ? Et comment les avez-vous réunies ?En tant que documentariste, j'ai traversé la Russie de long en large depuis 1997, m'arrêtant principalement en province. On conduisait de Saint-Pétersbourg à l'Oural et, bien sûr, après chaque périple on revenait avec plein d'anecdotes. Parfois elles arrivent d'elles-mêmes, quelqu'un vient vous parler comme ça, sans raison, et parfois vous vous retrouvez directement impliqué. Vous vous arrêtez pour prendre une photo de quelqu'un et le dialogue s'enclenche. Très vite cette personne vous raconte sa vie. Au bout d'un moment, j'avais recueilli suffisamment de matière pour en faire un film.Le titre 'My Joy' est incongru pour ce film.Quand j'ai commencé à écrire ce scénario, mon intrigue principale reposait sur un chauffeur qui se met en route avec un chargement de farine et qui se retrouve coincé au milieu de nulle part. Il se fait tabasser et se réveille dans la maison d'une femme étrange. Il tombe amoureux d'elle, vend sa farine et son camion. Et puis elle disparaît. C'est une histoire vraie. Il commence à vivre comme un clochard, il n'arrive pas à retrouver sa vie d'avant. D'autant qu'ayant vendu un camion qui ne lui appartenait pas, il est devenu un criminel. À l'origine, j'avais conçu une fin sentimentale où il continuait à penser à cette femme, en rêvant qu'elle revienne un jour. Le titre correspond à cette idée de départ. Mais, une fois appliqué à la version finale, c'est d'une ironie plus qu'amère. Je voulais faire un film d'amour mais comme ça arrive fréquemment avec les Russes, quel que soit votre projet, vous finissez avec une Kalachnikov.Les personnages que vous décrivez semblent perdus, ils cherchent sans arrêt leur chemin.Le réseau routier russe est conçu comme un arbre, partant des grandes villes pour aller vers les petites villes, puis les villages et enfin les hameaux. Mais de là, il n'y a aucun moyen d'aller plus loin, sinon faire demi-tour. Il est par exemple tout à fait possible que vous connaissiez un autre village à cinq kilomètres, mais qu'aucune route ne le relie. Le premier village peut très bien appartenir à une circonscription différente du second et, du coup, la seule manière de s'y rendre est de repasser par la ville la plus proche.
Ces routes sont le reflet d'une structure mentale, de modes de pensées. Il y a un centre et, tout à coup, on trouve une grappe de petits points dont on considère qu'ils n'ont pas la moindre incidence. Il n'y a qu'une seule route qui les relie au centre. Il y a cette structure hiérarchique où seul un point est synonyme de vérité et tout le reste est complètement subordonné. Vous vivez à côté de quelque chose, mais vous ne le remarquez pas, vous ne le voyez pas. Il arrive régulièrement qu'on se retrouve nulle part à la fin d'une route. On appelle ça “L'impasse du diable”.Vous avez quitté la Russie en 2001. Était-il indispensable de partir pour pouvoir écrire une telle histoire ?On m'a donné l'opportunité de déménager en Allemagne et je l'ai prise. C'est compliqué d'expliquer ce que l'on ressent quand on ne peut pas voyager comme on en a envie. C'est un sujet douloureux pour les gens qui ont vécu sous le régime soviétique. Jusqu'en 2001, je devais changer de passeport une fois par an : je passais quasiment deux semaines dans l'année à collecter les visas de différentes ambassades jusqu'à ce qu'il n'y ait même plus de pages disponibles et que je doive à nouveau changer de passeport. Je détestais ce système bureaucratique. Je fais le maximum pour me sentir le plus libre possible. Vivre à l'étranger et faire l'expérience d'un pays différent vous donne de nouvelles perspectives et un point de vue différent. Je ne peux pas dire que je vis en Allemagne depuis longtemps, disons que j'y passe environ deux à trois mois par an, le reste de mon temps étant consacré à voyager. D'autant que ces deux dernières années, j'ai passé le plus clair de mon temps en Ukraine pour préparer et tourner 'My Joy'. Partir m'a surtout permis de traverser les frontières.C'est une histoire russe mais vous l'avez tournée en Ukraine.Le film étant coproduit par une société ukrainienne, nous avions besoin de tourner en Ukraine. Sinon, j'aurais filmé en Russie et je crois que l'histoire en aurait bénéficié. Mais nous n'arrivions pas à trouver le financement nécessaire. Nous avons tourné au nord de l'Ukraine, près de la frontière russe. Nous étions évidemment à la recherche d'un lieu qui puisse ressembler à la Russie.Vous mélangez des acteurs internationaux et des non-professionnels. Par exemple, comment avez-vous trouvé les trois paysans qui jouent dans la scène du vol ?Ils viennent de l'endroit où on a filmé, un petit village qui s'appelle Shors. J'étais en train de conduire en plein milieu de l'hiver, en direction du village, quand j'ai vu deux hommes sur la route. Je me suis arrêté parce que - eh bien, ils ressemblaient exactement à ce qu'on voit dans le film, et ils étaient très joyeux. Complètement saouls. Ils dansaient au milieu de la route ! J'ai pris mon appareil photo et j'ai commencé à shooter. Je leur ai dit que j'étais en train de tourner un film d'amour. Ils ont ri pendant un bon moment et puis ils m'ont dit qu'ils aimeraient bien jouer dans un film d'amour.
D'un côté ils paraissaient très gentils, très heureux. De l'autre, il y avait quelque chose de dangereux qui émanait d'eux. Ils étaient restés gravés dans ma mémoire, mais on continuait à chercher des comédiens professionnels car je ne pensais pas qu'ils arriveraient à retenir les dialogues. Et puis ils étaient continuellement saouls ! Finalement, je suis revenu au mois de mars et j'ai commencé de manière très indirecte à les convaincre de nous rejoindre. Au bout de quinze répétitions, ils étaient prêts. Quant au troisième personnage, celui du muet, je l'ai découvert dans un autre village. Il n'avait pas d'adresse régulière, on devait souvent partir à sa recherche car il n'était jamais là où il était censé se trouver.Le film semble suivre une structure très délibérée, quasi mathématique, reposant sur différentes strates - pouvez-vous nous en dire plus?Ma tâche consiste à relier de multiples fils narratifs afin de dévoiler l'ensemble d'une même palette. J'ai donc besoin de créer une structure en m'aidant d'éléments bien particuliers. J’utilise des motifs récurrents comme la maison, les soldats ou des histoires différentes mais avec les mêmes personnages comme ce vieil homme qui apparaît au début et à la fin, etc... si ces éléments sont présents tout au long du film et soutiennent la structure, ils communiquent aussi entre eux. Ainsi, il y a deux flashbacks, mais qui racontent la même chose. Dans le premier, le jeune lieutenant défend activement sa dignité. Dans le second, si le père est "passif" en actes, il est "actif" dans sa réflexion. il dit qu'il est incapable de tuer. Le soldat lui demande : "Que ferais-tu si l'ennemi
était à ta porte ?" Pour le professeur, c'est une décision personnelle dont il porterait la responsabilité. L'officier n'arrive pas à comprendre ce concept de responsabilité, de tolérance. C'est peu ou prou ce qui s'est passé dans l'histoire russe. La possibilité d'écouter et d'accepter un point de vue différent, voire d'en faire coexister, était impensable. Cela a conduit à la destruction, à la dégradation et à un appauvrissement de l'humanité.Comment avez-vous pris contact avec Oleg Mutu, et qu'est-ce qui vous a poussé à le choisir comme directeur de la photographie?Je cherchais un directeur de la photo et j'évoquais "4 mois, 3 semaines et 2 jours" comme référence. Mais je n'arrivais pas à trouver la bonne personne. Mon directeur de casting m'a finalement suggéré d'aller directement à la source. on a trouvé ses coordonnées sur internet, nous lui avons envoyé le scénario et il nous a tout de suite dit qu'il était intéressé. C'est à ce moment-là qu'on a découvert qu'il était né en Moldavie et qu'il parlait russe ; on n'en avait pas la moindre idée !
Lui et moi étions vraiment en adéquation. son style est très proche du mien, il est extrêmement rigoureux. L'explication vient peut-être de notre passé de scientifique.
oleg c'est la physique et moi les maths.Vous donnez l'impression d'aimer contrôler les choses, pourtant le fait d'être documentariste a dû vous rendre plus spontané. En quoi le tournage de "My Joy" a-t-il été différent de ce point de vue là ?C'est une illusion ! Je contrôle tout. Dans un documentaire, quel que soit le sujet ou l'environnement dans lequel vous tournez, vous contrôlez la caméra, le cadrage, le son, le montage, le rythme. un élément peut tout changer. Ce que vous filmez doit corres-pondre à l'idée que vous êtes en train d'échafauder. Cette idée est première et c'est ce qui donne son sens à un film. -
Note
d'intention My JoyNote d'intention de Sergueï LoznitsaIl y a dix ans, je travaillais pour les studios de films documentaires de Saint-Pétersbourg, voyageant de lieux de tournage en lieux de tournage aux quatre coins de la Russie.
Il n'est pas rare de croiser des gens qui vagabondent le long des voies et je m'arrêtais très souvent pour les prendre en photos.
Une fois, on a remarqué un type au visage buriné qui portait une veste toute râpée et un sweat en lambeaux. Il a regardé à l'intérieur de notre voiture et nous a demandé à manger. On lui a donné ce qu'on avait. Tout en rangeant soigneusement la nourriture dans son sac, il m'a demandé :
' Vous n'auriez pas de la gelée de pomme ?
- Non. Pourquoi ? lui ai-je répondu
- On nous en donnait toujours en prison.' a-t-il dit.
Depuis, j'ai toujours un pot de gelée de pomme dans ma voiture. Sauf qu'on n'a jamais recroisé cet homme, et personne d'autre ne nous en a demandé. Ça été le point de départ de ce film.
Au cours de ces voyages en province, j'ai été confronté à des tas d'histoires de ce genre et je crois qu'elles ne demandaient qu'à être racontées. J'ai donc décidé d'écrire un scénario.
Si le meilleur moyen de décrire un endroit est de s'y rendre, le meilleur moyen de l'étudier est de s'y retrouver coincé. C'est ce qui explique la structure du film. Sa fin est logique puisque c'est l'affirmation, l'expression même de ce lieu.
Un homme m'aborde sur la place du marché d'une petite ville : 'Eh, comment ça va dans notre ville natale mon frère?' Il avait vu ma plaque d'im-matriculation. Il m'a raconté une histoire, que j'ai utilisée comme clé de voûte pour le scénario. A la fin de son récit il m'a dit :
“ Vous pensez qu'on va me tuer ?
- Oui. On va vous tuer, lui ai-je répondu
- Alors fumons une cigarette! '
On a fumé ensemble en silence, et puis il est parti sans dire au revoir.
Son histoire est restée.
-
-
-
Critiques
- En découvrant cette oeuvre forte, on a peine à imaginer que Sergueï Loznitsa, son auteur, fait ici ses débuts dans la fiction (...). La trajectoire du film est menée avec une assurance virtuose, exigeant une attention de chaque seconde.
Le Monde - Un jeu virtuose avec le réel
Les Inrockuptibles - C'est un film intraitable. Ambitieux. Inventif.
Télérama - L'avènement d'un cinéaste
Les Cahiers du Cinema - C'est à la fois terrifiant et puissant, atroce et fascinant
TéléCiné Obs - Une expérience fascinante
Excessif
- En découvrant cette oeuvre forte, on a peine à imaginer que Sergueï Loznitsa, son auteur, fait ici ses débuts dans la fiction (...). La trajectoire du film est menée avec une assurance virtuose, exigeant une attention de chaque seconde.
-
Récompenses
-
Festival de Cannes 2010
En Compétition
-
Festival de Cannes 2010
-
Disponible en VOD
My Joy / VOD
Sortie : le 10-08-2010
- Disponible en téléchargement sur Orange
- Disponible en téléchargement sur Canal Play
- Disponible en téléchargement sur SFR
- Disponible en téléchargement sur UniversCiné
-
Drame
Mes provincialesÉtienne monte à Paris pour faire des études de cinéma à l’université. Il y rencontre Mathias et Jean-... -
LES VOLETS VERTS
« Les Volets verts » dresse le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les... -
Drame
My LadyFaut-il obliger un adolescent à recevoir la transfusion qui pourrait le sauver ? Fiona Maye, Juge de la Haute Cour, décide de lui rendre... -
Drame
1'541.54, c'est le chrono que doit atteindre Tim sur 800 mètres, s'il veut participer aux championnats. Mais à 16 ans, Tim a d'autres comba...